LES ROCAILLEURS AU XIXe SIÈCLE

Cet art, pratiqué par « l’élite » durant plusieurs siècles, va pouvoir s’exprimer différemment, évoluer, se modifier, trouver d’autres champs d’applications grâce à ceux qui auront à leur disposition de nouveaux outils, de nouveaux matériaux et bien sûr un contexte social et économique favorable. Ces nouvelles techniques, les artisans sauront les utiliser pour satisfaire les demandes de plus en plus importantes d’une clientèle issue de la petite bourgeoisie qui va réaliser son rêve de « campagne » mais aussi d’exotisme. Le désir de grandeur de ces nouveaux propriétaires s’exprimera surtout dans l’ornementation, le « paraître », cette « façon d’habiter » apportera aux pavillons qui se construisent autour des villes une décoration qui ne manquera pas d’imagination. La culture des couches populaires de la société, conjuguée à celle de cette nouvelle bourgeoisie, donnera naissance à un « art populaire et rustique » adapté à la modernité et à la mode de son l’époque, l’art des rocailleurs. Le développement rapide de l’urbanisation participera à l’élan créateur et débordant de cette seconde moitié du XIXe siècle. À l’inverse d’aujourd’hui, où la mode est à l’architecture « locale, de pays, traditionnelle, typique », dont on n’hésite pas d’ailleurs, à inventer certaines spécificités, l’architecture rustique des rocailleurs s’exprime assez librement et de manière souvent fantaisiste. Les contraintes de l’artisan sont celles éventuellement dictées par son client.
Généralement, l’artisan propose ses modèles, d’après un catalogue des réalisations qu’il a lui-même déjà créées.

Qui sont ces artisans ?
Souvent des maçons qui ont trouvé dans le mariage du ciment et du fer un nouveau moyen d’expression qui correspond à la demande de l’époque.

Le maçon devient aussi cimentier, il va fabriquer des objets en ciment (armé ou non), des réservoirs d’eau, des bacs d’arrosage, des lavoirs, ce qui lui était impossible autrefois. Les paysagistes, les jardiniers, spécialistes des aménagements des parcs et jardins, sont de fait directement concernés par les nouvelles techniques. Ces artisans ont des appellations diverses, mais leurs prestations divergent aussi parfois : « rocailleur-cimentier, jardinier-rocailleur, maçon-rocailleur, cimentier ou cimenteur, rocheur, treillageur-rocailleur… »1

1 – Jean-Marc Caron, L’art des rocailleurs. Première partie : histoire (The art of rock decoration. Part 1: A history), L’Architecture vernaculaire (en ligne), tome 44-45 (2020-2021)
http://www.pierreseche.com/AV_2020_caron.htm

29 novembre 2020

art-des-rocailleurs-premiere-partie-histoire-jean-marc-caron.pdf