L’INDUSTRIALISATION
« L’industrialisation, l’arrivée de nouveaux matériaux, l’exode rural, l’accès à la propriété sont autant de facteurs qui vont bouleverser la vie sociale et économique durant le XIXe siècle.
Des travaux sont menés par Louis Joseph Vicat, qui publie en 1818 ses Recherches expérimentales sur les chaux de construction, les bétons et les mortiers ; ses premiers résultats vont asseoir la réputation scientifique de l’auteur. En 1824, il achève la construction du pont en maçonnerie de Souillac dans le Lot. Pour la première fois, une construction d’une telle ampleur, dont les piles sont immergées, est réalisée à l’aide de chaux hydraulique fabriquée dès 1817. Vicat est celui qui a posé les bases scientifiques des mortiers et des ciments. Ses travaux vont permettre la production industrielle de ces nouveaux matériaux. Pendant plus de quarante ans, il étudiera toutes les
questions qui concernent les liants hydrauliques. Il publiera en 1856, un Traité pratique et théorique sur la composition des mortiers, ciments et leur emploi en toutes sortes de travaux.
Se basant sur les résultats des travaux de Vicat, Joseph Aspdin dépose un brevet (n° 5022), délivré le 15 décembre 1824, pour la fabrication d’un liant à base de chaux et d’argile, le « ciment Portland ». Il explique son invention en détail, mais déjà certains auteurs ne reconnaissent à Aspdin que le mérite d’avoir baptisé son ciment.
À l’occasion du centenaire de l’industrie du ciment, un ouvrage écrit par M.A.C. Davis est publié par la société Concrete Publication qui édite diverses revues techniques. L’auteur ne manque pas de formuler des réserves quant à la paternité de l’invention. Il reproduit le texte de plusieurs brevets, notamment Smeaton (1756), Higgins (1780), Parker (1796), Vicat, Treussart et Saint-Léger (1818), Frost (1822), Pasley (1826) et enfin I. C. Johnson (1845).
Dix ans avant Aspdin, Vicat avait produit une chaux hydraulique au moins égale à celle décrite par l’inventeur dans son brevet. Mais c’est à I. C. Johnson que l’on doit les premières descriptions assez précises du ciment Portland ; l’ingénieur trouve par hasard les propriétés qui lui manquaient et principalement l’hydraulicité. Il peut alors mettre au point la fabrication du ciment Portland. Les usines White qu’il dirige, produisent pratiquement aussitôt le ciment.
Plus de 20 000 tonnes de ciment Portland sont employées aux travaux du port du Havre. On comprend pourquoi les cimenteries se sont surtout développées entre 1850 et 1860.
LE CIMENT ARME
Le ciment est une invention majeure qui va modifier le paysage architectural au XIXe siècle. Certains métiers vont devoir s’adapter à l’emploi de ce nouveau matériau, désormais associé à un treillage métallique pour former le « ciment armé », mais d’autres métiers vont naître. L’abandon progressif de la chaux pour le ciment pendant la seconde moitié du XIXe siècle va permettre aux artisans d’explorer de nouvelles perspectives. Non seulement le ciment devient l’élément principal des mortiers modernes utilisés dans la construction des bâtiments, mais ses avantages en font aussi le matériau le plus adapté dans la décoration des jardins privés et dans la fabrication du
mobilier extérieur, tables, bancs, chaises, etc. Son temps de séchage est très rapide, il offre une très bonne résistance aux charges et aux intempéries, il est malléable et simple à mettre en œuvre. De plus, il est d’un coût abordable. Ce nouveau matériau, associé à un imaginaire débordant et au savoir-faire des artisans, va créer une architecture nouvelle, celle des « rocailleurs », architecture rustique et populaire par
excellence et à laquelle la petite bourgeoisie de l’époque fera largement appel. »1
1 – Jean-Marc Caron, L’art des rocailleurs. Première partie : histoire (The art of rock decoration. Part 1: A history), L’Architecture vernaculaire (en ligne), tome 44-45 (2020-2021)
http://www.pierreseche.com/AV_2020_caron.htm
29 novembre 2020
art-des-rocailleurs-premiere-partie-histoire-jean-marc-caron.pdf